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05/01/2013

Les interactions entre l'Internet, les médias, l'Eglise et la société - une allocution du patriarche Cyrille de Moscou

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Sur Orthodoxie.com. Le patriarche Cyrille de Moscou (photographie ci-contre, source), le 28 décembre dernier, dans son allocution à l'assemblée diocésaine de la ville de Moscou, a développé une réflexion sur l'Internet, les médias, l'Eglise et la société. Elle témoigne de la poursuite de l'approfondissement de cette question par l'Eglise orthodoxe russe, sujet que j'ai évoqué dans mon livre. Voici, dans son intégralité, la traduction par Orthodoxie.com d'un compte rendu publié sur le site biélorusse Sobor :

« L’année passée a confirmé encore une fois la nécessité d’efforts constants pour optimiser notre présence dans le milieu médiatique. Cela est actuel tant au niveau général de l’Église, que celui de chaque diocèse » a mentionné le patriarche.

Le primat a déclaré que « le temps était venu » pour les sites Internet paroissiaux « de sortir du cadre de la simple information sur la vie de la communauté, dont les nouvelles sont parfois limitées à l’horaire des offices. Les sites doivent devenir des centres de communication virtuelle, compensant dans une certaine mesure l’insuffisance de liens à l’intérieur de la paroisse. Les réalités contemporaines sont telles qu’il faut utiliser chaque possibilité pour renforcer l’unité de nos paroissiens qui, malheureusement, ne se connaissent que de vue ».

Pour ce qui concerne les sites des monastères, le patriarche a remarqué que l’information, sur nombre d’entre eux, n’est pas actualisée. Il manque les horaires des offices, des informations pour savoir comment se rendre jusqu’à ces monastères. « De nombreux monastères sont des objets d’héritage culturel et attirent de nombreuses personnes s’intéressant non seulement à la vie spirituelle, mais aussi à l’histoire, l’architecture, les monuments anciens. Aussi, lorsque l’on crée un site, il est indispensable de les concevoir correctement, de telle façon que les gens puissent trouver les réponses à un large éventail de questions liées à la vie contemporaine du monastère, à son histoire. Nos projets internet doivent devenir de véritables instruments de prédication interactive, du travail missionnaire, et provoquer chez les hôtes virtuels du monastère le souhait de devenir leurs visiteurs réels, et peut-être même leurs habitants », a souligné le patriarche.

Le patriarche a appelé les recteurs de paroisses à prendre en compte l’expérience générale de l’Église dans le domaine de la communication internet. Il a rappelé qu’une page du département synodal de l’information a été ouverte l’année passée sur Facebook au sujet du primat de l’Église orthodoxe russe. « Il s’agit d’un bon exemple de construction d’un dialogue interactif avec les fidèles, qui doivent être assurés que nous les écoutons et que nous sommes prêts à trouver les réponses à leurs questions. Il n’est pas raisonnable d’attendre, tandis que la jeunesse contemporaine fréquente l’église, le moment qui nous conviendra pour les recevoir ».

Le primat a également rappelé que la communication interactive du prêtre avec ses ouailles ne peut remplacer complètement les contacts personnels. « Notre devoir consiste, en témoignant du Christ par toutes les méthodes à notre disposition, à aider les gens à trouver Dieu, venir à l’église, acquérir un soutien spirituel et prendre conscience la valeur des contacts personnels avec les frères et sœurs dans le Seigneur », a-t-il ajouté.


Le chef de l’Église orthodoxe russe a souligné que la présence ecclésiale dans le milieu de l’information, dont l’Internet, donne à beaucoup de gens la possibilité de faire les premiers pas sur la voie du salut. Un exemple de cela est la campagne qui s’est déployée sur le réseau pour aider et récolter des fonds pour secourir les sinistrés des inondations à Krymsk.

« Dans le milieu actuel de l’information, chaque nouvelle liée à l’Église est examinée à la loupe » a poursuivi le patriarche. « N’importe quel acte indigne d’un homme lié à l’Église, provoque une rafale de publications négatives. Il est indubitable que toute une série de médias recourent à l’utilisation d’informations inexactes, sciemment mensongères, et pratiquent la technique du bourrage d’informations. Ces méthodes, caractéristiques des guerres d’information, sont utilisées parfois également contre l’Église. Celle-ci enseigne aux gens une vie vertueuse, et nous, ses membres, comme je l’ai déjà dit, sommes appelés à être des exemples pour ceux qui ne croient pas du tout ou peu, non seulement en paroles, mais aussi en actes. Nous remporterons alors n’importe quelle guerre d’informations, en n’y pénétrant pas ».

Le patriarche a appelé les prêtres à étudier la situation médiatique actuelle : « L’Église a l’obligation de répondre aux défis du temps, et les membres du clergé doivent avoir une idée sur les tendances principales du développement du milieu de l’information ».

Le primat a aussi appelé le clergé à participer avec prudence aux débats radiophoniques ou télévisés : « Si un clerc n’est pas capable de garder la dignité pastorale lors d’un débat, il est mieux pour lui de ne pas s’y impliquer ».

Le patriarche a constaté avec regret que, suite aux événements de l’année passée, la formation de groupes libéraux et conservateurs ecclésiastiques avait commencé. Ces groupes « ne recherchent pas la vérité, ni la justice de Dieu, mais le moyen de piquer le plus au vif, de mordre l’autre  le plus profondément». « C’est une tendance fort affligeante. Les divisions internes de l’Église, les disputes et l’hostilité, sont le témoignage d’une foi enfantine, d’enfantillage qui parfois prend des formes insolentes. Mais si dans le cadre de la communication médiatique, de tels phénomènes sont tout à fait naturels, étant donné qu’ils correspondent aux concepts contemporains de liberté de pensée, ils sont au contraire profondément étrangers à notre tradition ecclésiale séculaire, comme étant opposés à l’esprit même de l’enseignement évangélique. Je considère important de dire une nouvelle fois que chaque membre du clergé doit avoir conscience de la responsabilité énorme que lui impose la présence dans la sphère publique. Dans son aspiration à attirer l’attention de la société sur l’un ou l’autre problème, il est indispensable de se rappeler qu’il n’est pas permis de donner à ses déclarations ou à ses initiatives des formes provocantes » a dit le patriarche.

Le patriarche Cyrille a souligné encore que la communication virtuelle, qui présuppose l’anonymat n’exonère pas la responsabilité des individus relativement à leur conduite sur le réseau: « Il semble à certains qu’Internet libère de la responsabilité pour leurs agissements et leurs paroles, car personne ne voit leur visage devant l’écran et on se dissimule des autres derrière un nom imaginé – un « pseudo ». Ensuite, après avoir déversé sur son interlocuteur un flot d’émotions négatives, après avoir offensé quelqu’un, on peut simplement fermer l’ordinateur et ne plus aller sur ce site. Certains, lors de la confession, ne se repentent  que des péchés qu’ils ont accomplis dans la vie réelle, effaçant de leur mémoire toutes leurs aventures sur Internet, comme si cela n’était pas de leur fait.

 En vivant dans une société d’information, en utilisant l’Internet et les autres moyens contemporains de communication, nous nous trouvons également éprouvés par les tentations de notre époque. Aussi, soyons vigilants et aidons les autres à ne pas tomber dans les rets des tentations. Soyons aussi vigilants à l’égard de nos propres paroles et actions, ne donnant pas l’occasion, à ceux qui la cherchent (cf. 2 Cor. XI, 12), afin que le nom de Dieu ne soit pas blasphémé et que notre foi ne soit pas confondue » a conclu le patriarche.

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